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ÉLOGE DE LA LENTEUR




Dans cette chronique, j’ai choisi de mettre en lumière cet ÉLOGE DE LA LENTEUR, extrait de mon recueil « Pour une vie qui fait sens suivi d’Éloge de la lenteur », un recueil de textes illustrés auto publié en 2023, lequel débutait ainsi :
 
« C’était un pré verdoyant, une simple étendue d’herbe et de fleurs, d’où l’on pouvait prendre le temps d’observer la progression du soleil. » N.H
 
***
 
La lenteur fait grise mine. À notre époque, elle est maudite et décriée. On l’assimile à l’ennui, à la fainéantise, à une contrainte subie et même à la mort.
 
À l’heure où les objets sont connectés en 5G, où les avions font le tour du monde en quelques heures, où les plats industriels à réchauffer en deux minutes au micro-onde remplacent les marmites qui mijotaient tout une après-midi, la lenteur est fuie comme la peste. Elle est devenue synonyme de maladie.
 
Que signifie la lenteur ? Lorsque l’on se réfère au dictionnaire, la lenteur est définie comme ce qui est lent et a pour synonyme apathie, mollesse, indolence, nonchalance. Tout un programme ! Pourquoi la lenteur est-elle officiellement assimilée à des termes connotés de manière négative pour notre époque ? Nous avons si bien réussi à donner une définition positive de la vitesse, pourquoi ne ferions-nous pas de même avec la lenteur ?
 
L’espérance de vie de l’être humain n’a jamais été aussi longue qu’au XXIe siècle, et pourtant, ce dernier n’a jamais eu autant la sensation de manquer de temps.
 
La raison est peut-être que nous avons perdu la capacité de choisir ce qui nous correspond sans nous laisser influencer par les normes sociales, des publicités et des réseaux. Tout est disponible, alors nous voulons tout avoir. Et pas dans dix ans ! Le monde de l’industrialisation et de la consommation de masse, qui promet tout pour tous et rapidement, a atteint des sommets. Aujourd’hui, on veut tout, tout de suite. On veut l’immédiateté. On ne supporte plus d’attendre que ce soit pour passer à la caisse ou pour concrétiser des projets.
 
C’est ainsi que l’être humain se déconnecte de la nature. Prétextant qu’il n’est pas un arbre et qu’il ne veut pas mettre vingt ans à grandir et à avoir ce qu’il veut. Il en résulte des frustrations, des montées d’agressivité, des petites filles de douze ans habillées et coiffées comme des femmes poupées. Les enfants ne prennent même plus le temps de grandir.
 
Dans sa course effrénée pour consommer et obtenir tout, tout de suite, l’être humain s’est transformé en distributeur. Il considère que son existence est une machine : aujourd’hui je veux être riche, donc je veux appuyer sur un bouton sans effort et l’être maintenant. Aujourd’hui je veux une nouvelle voiture, je n’en ai pas les moyens, mais je veux appuyer sur un bouton et je la veux maintenant. Nous perdons ainsi la réalité qui fait l’essentiel de la vie, oubliant un point fondamental : nous ne sommes pas conçus pour être des consommateurs à crédit, nous faisons avant tout partie du vivant.
 
En tant qu’être vivant, les lois de la nature sont éminemment bonnes et vertueuses pour nous. Le temps est vertueux car c’est grâce à cette notion que nous pouvons expérimenter et vivre en conscience notre vie. La lenteur est dans le rythme des saisons et c’est en respectant ce rythme que l’on demeure en santé. Il n’y a rien de plus contradictoire que d’être surmené en plein hiver alors que depuis des millions d’années la nature, elle, se repose et se régénère.
 
Bien que la nature vive depuis des millions d’années, il n’a fallu que soixante-dix ans à l’être humain pour la dévaster. Aujourd’hui le climat s’adapte en miroir à notre modèle, passant d’une semaine de neige à une canicule : tout est rapide et immédiat ! Plaisant, n’est-ce pas ? Là seulement l’être humain commence à percevoir que la lenteur peut avoir du bon finalement et qu’une évolution progressive des températures n’est pas si mal. Mais tant de mal a déjà été fait. La société a l’air d’une adolescente qui fait sa crise et qui veut jouer avec le feu et satisfaire ses caprices sans se soucier des conséquences.
 
Entendons-nous bien, il ne s’agit pas de renoncer à tout et de rester allongé sur le sol à attendre que le temps passe. Mais il s’agit de retrouver un équilibre, une harmonie qui a été perdue de vue par la société telle que nous la vivons aujourd’hui.
 
La lenteur n’est pas passive, elle est une voie d’exploration. Une manière d’être au monde tout en prenant soin de l’écosystème dans lequel on vit. Une voie qui respecte le rythme initial.
 
Dans la lenteur réside le calme de notre mental. Lorsque l’on ralentit le flot des pensées, c’est là que l’on touche à la paix, à la magie, à l’amour inconditionnel et que l’essentiel nous est révélé. Le monde n’a jamais eu autant besoin de ralentir que maintenant.
 
Dans la lenteur se préserve le corps qui a le temps de se régénérer. Prendre le temps de digérer, de jeûner, de se reposer, sans rythme imposé par l’extérieur, c’est être profondément à l’écoute de soi et serein. Les corps n’ont jamais eu autant besoin de ralentir que maintenant.
 
Dans la lenteur se révèle notre véritable connaissance de nous-mêmes. Lorsque l’on prend du temps avec soi, que l’on contemple et se réjouit véritablement et durablement de notre vie. Plus l’on prend le temps de savourer, plus l’on cesse d’être distrait par tout ce qui est proposé autour de soi. L’être humain n’a jamais eu autant besoin de ralentir pour renouer avec sa nature profonde que maintenant.
 
La société de consommation est une vaste distraction qui éloigne de l’essentiel. Elle comble nos moindres désirs et envies dans l’instant pour nous empêcher de nous retrouver face à nous-mêmes et nos vides intérieurs. Mais pourquoi tant de vide si ce n’est parce que nous sommes déconnectés de l’essentiel ?
 
Avec la lenteur viennent l’appréciation de la vie et la gratitude. Le temps de boire un chocolat chaud, sans faire mille autres choses à la fois. Le temps d’observer un coucher de soleil, sans vouloir faire trois stories, envoyer des photos, et poster trois commentaires. Le temps de faire une chose à la fois, avec application, détente et sérénité.
 
Avec la lenteur s’ouvrent les portes de l’harmonie du monde dans sa globalité. Le respect du cycle des saisons, du vivant, de l’humain et de la vie.
 
En retrouvant le vrai rythme des choses, en étant dans l’instant présent et en prenant le temps, on renoue avec l’essentiel et l’on s’accomplit sereinement.
 
Avec la lenteur viennent l’inspiration, le repos, l’attention à soi et à ceux que l’on aime. On retrouve alors du temps pour se concentrer sur nos rêves et nos aspirations. On retrouve la voie pour les faire grandir raisonnablement, c’est-à-dire en les menant à terme tout en respectant la Terre, la nature et le vivant. En prenant soin de l’empreinte que l’on va laisser sur l’écosystème.
 
Décriée par une société malade d’elle-même, la lenteur est en réalité une nouvelle voie de préservation de l’avenir, de retour à la nature et au respect du vivant. Elle est la voie de la reconnexion à soi-même, de la paix, de l’amour et de l’accomplissement.
 
Puissions-nous revenir à la lenteur au quotidien, puissions-nous la remettre au centre de nos vies. La nature et le monde s’en trouveront apaisés et l’humain, cet éternel maillon dans la chaîne des êtres vivants, retrouvera lui aussi la paix.
 
Lenteur, nom féminin : Se dit de quelqu’un qui vit naturellement. Synonyme de ressourcement, d’inspiration, de capacité à savourer ce qui est, à vivre heureux et paisiblement.
 
 
Nathaly Haseya
 
Pour aller plus loin.
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